Beschreibung
Face aux incertitudes grandissantes, laction publique, et particulièrement les politiques environnementales, reposent sur la mobilisation massive de scientifiques. Ils sont enrôlés pour élaborer des expertises nationales mais également pour répondre à des problèmes à léchelle locale. Avec la construction des politiques environnementales depuis les années 1960, des conseils scientifiques se sont alors multipliés sur le territoire. Leur foisonnement - une spécialité française - en fait un lieu dobservation privilégié pour étudier lévolution des rapports entre natures, sciences et sociétés. Ils étaient pourtant jusquà présent inconnus. Cet ouvrage propose une sociologie des conseils scientifiques, en décrivant leur fonctionnement, leur organisation et leurs missions afin de les situer dans le domaine de lexpertise et de mieux appréhender leur rôle effectif dans la gouvernance de la nature. Pour appréhender son aspect foncièrement territorial, lenquête nous emmène dans les Alpes au sein de trois conseils de parc et de réserves naturelles (Ecrins, Vercors et Haute-Savoie) pour plonger au sein du monde bureaucratique et professionnel de la gestion de la nature. Des problèmes extrêmement concrets lié à laménagement ou la concertation entre activités, la gestion despèces, chassées ou protégées, ou la préservation de patrimoines figurent aux ordres du jour. Les membres dun conseil, une vingtaine, confrontent alors leurs traditions disciplinaires, leurs éthiques et représentations pour éclairer laction et négocier des façons de protéger la biodiversité. Lenquête dépeint les rôles et places ambiguës de ces avis, qui fournissent aux gestionnaires des arguments scientifiquement fondés pour accepter, refuser ou modifier des aménagements. Limplication de ces scientifiques dans laction publique diverge ainsi à la fois de lexpertise classique et du militantisme et illustre dautres rapports au politique, certes plus discrets, mais fondés sur des relations à des personnes et des lieux.
Autorenportrait
GAËLLE RONSIN est sociologue, post-doctorante au Centre Alexandre Koyré et professeure associée à l'Université du Québec à Rimouski. Ses recherches s'intéressent aux relations entre sciences, natures et sociétés dans le contexte des espaces protégés et des perturbations liées aux changements globaux.